Publié le 29 janvier 2025
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Mis à jour le 18 février 2025
Comment introduire, à bon escient et de façon raisonnée-raisonnable, du relatif dans l'universel ? Alors que le relativisme s’impose dans les discours savants et profanes, cette table ronde interroge les impacts de ces bouleversements sur les sciences sociales et la démocratie.
De 18h15 à 19h45
Date(s)
Type(s) d'évènements
Depuis quelques décennies la croyance en l’universalisme des produits de la raison occidentale est sérieusement battue en brèche par une montée en puissance de diverses formes de « relativisme ». Dans le discours profane comme dans le discours savant, la vérité ne serait plus une, incontestable et universelle. Dans le discours profane : ceci se vérifie au succès des fake, des rumeurs invérifiées et du complotisme, ces tendances se voyant d’ailleurs intensifiées par la prolifération de réseaux sociaux refusant de vérifier la véracité de leurs contenus et par les mystifications rendues possibles par l’IA. Donald Trump n’a-t-il pas contesté le résultat des élections américaines au nom de vérités « alternatives » ? Dans le discours savant : ceci se vérifie dans les versions radicales du « linguistic turn » (tout ne serait que langage), ou de la déconstruction « décoloniale » (il y aurait une vérité de dominants, non partageable par les minorités de genre, classe, de race) etc, ou encore à la mise sur le même plan de la fiction et de la réalité (« tout est fiction »).
Trois questions principales se posent alors :
- Peut-on dater et contribuer à expliquer un peu plus précisément cette évolution et la mettre en lien avec des évolutions théoriques significatives ? Et/ou avec des positionnements politiques spécifiques (sur le « décolonial » par exemple) ?
- Quels inconvénients véritables comporte au juste cette évolution pour des chercheurs en sciences sociales ? Contester l’universalité revient-il forcément à contester les institutions qui génèrent du vrai (universités, laboratoires, organismes publics) ?
- Enfin comment construire une position raisonnable sur cette contestation de la vérité comme universel, tout en tirant les bénéfices de cette même contestation ? Comment, dans l’ordre social et politique, garantir la pluralité des avis en démocratie, tout en évitant les dérives et les abdications (« A chacun sa vérité ») ? Et, dans l’ordre scientifique, comment traduire avec profit les contestations actuelles : en prenant en compte par exemple l’évolution historiques des vérités savantes et leurs variations géographique (« vérité en-deçà, erreur au-delà ») ?
Sont invitées à répondre à ces questions, deux personnes ayant récemment abordé ce thème de « l’universel », Pascal Engel, philosophe et directeur d’études à l’EHESS, et Francis Wolff, philosophe et professeur émérite à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm. Ils sont respectivement auteurs, notamment, de : Pascal Engel, Manuel rationaliste de survie, Paris, Agone, 2020 ; et Francis Wolff, Plaidoyer pour l’universel, Paris, Fayard 2019.
Et pour poser ces questions, trois représentants de différentes disciplines : l’histoire avec Stanis Perez, professeur agrégé, la science politique avec Dominique Memmi, directrice de recherche au CNRS (et tous deux chargés de l’Axe 2 de la MSH-Paris Nord), la sociologie et la philosophie, avec Romain Pudal, directeur de recherche au CNRS et auteur d’une thèse sur le pragmatisme en sciences sociales.